Le retour en force du tourisme scolaire

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Quand on suit un peu l’actualité, il appert que le tourisme serait revenu à ses niveaux d’antan, c’est-à-dire à ce que l’on observait en 2019, année record pour l’industrie. Ce n’est pas forcément le cas pour toutes les niches du tourisme, incluant le tourisme scolaire.

En 2020, on estimait que ce secteur du tourisme générait pour 333 milliards de dollars américains à l’échelle mondiale, et représentait 20% des revenus de l’industrie touristique! (Source : WYSW Travel Foundation)

Volume d’étudiants qui voyagent intra-USA (domestique). Source : Student Travel Business Barometer 2023, États-Unis.

Selon une récente étude partagée par SYTA (Student & Youth Travel Association), les groupes scolaires reviennent en force après la pandémie, mais la reprise demeure toutefois sous les niveaux de 2019. La reprise est encore plus lente – à environ 50% du niveau 2019 sur les voyages hors pays.

Bien que cette étude reflète la réalité du tourisme scolaire aux États-Unis, les échos sont similaires auprès de spécialistes québécois œuvrant dans ce créneau, à qui nous avons parlé dans le cadre de ce reportage.

Une demande forte qui dépasse la capacité de livrer l’expérience

Pour Sébastien Letailleur, directeur général et associé chez Prométour, le constat est sans équivoque : « On n’a jamais eu autant de groupes et d’intérêt pour voyager! Il y a une véritable frénésie en ce moment! Notre plus gros défi est opérationnel : trouver le staff pour répondre à la demande, les compagnies aériennes qui annulent des vols sans préavis, des tarifs élevés et en augmentation chez la plupart des fournisseurs – restos, activités, hébergement, transport. »

Un constat que partage Carolyne Pronovost, directrice ventes et marketing chez Voyages A+. « On manque de main d'oeuvre dans notre bureau, mais surtout on manque d'autocars pour mettre des groupes sur la route! C’est du jamais vu depuis 2002 que je suis dans la business, de la demande aussi forte. On fait même des groupes du dimanche au mardi, seul moment où on peut trouver des autocars parfois! »

C’est d’ailleurs le propre du tourisme scolaire, et un avantage de cette niche en particulier : les groupes voyagent durant des périodes traditionnellement plus tranquilles, de novembre à juin. Et l’on remarque une augmentation de la demande en hiver, allongeant ainsi la saison d’opération pour certains prestataires touristiques.

Pour Étienne Morrisette, directeur général chez Omnitour, la pandémie aura eu du bon, notamment en forçant le virage numérique de l’entreprise. « Par contre, avec la perte de nos employés, il a fallu embaucher de nouveau et reconstruire l’expertise, et ça, c’est plus long », convient-il.

Danger, inflation!

« Le plus gros défi pour 2024 restera l'inflation », selon Sébastien Letailleur. « On voit des augmentations substantielles dans les prestations, et on se demande jusqu'à quel point les professeurs, les élèves et leurs parents seront prêts à payer pour ces augmentations. Il y a toujours autant d'appétit pour le Québec sur le marché étudiant américain - moins cher que la France, par exemple, pour les groupes qui veulent une expérience en français. »

« Les groupes seront-ils aussi nombreux? Le carnet de commandes est très fort pour 2024, la volonté est là, reste à voir si ça va se concrétiser » se demande Carolyne Pronovost. « Le retour de l'enveloppe Explore Québec est une excellente nouvelle car on peut commercialiser le Québec avec des tarifs plus avantageux en réduisant les coûts d’un forfait. »

« On crée des forfaits pour découvrir le Québec. En un sens, on crée de la richesse », nous dit Étienne Morrisette. « Et depuis la pandémie, je remarque un certain assainissement dans le milieu des agences de voyages scolaires. Les écoles se conforment davantage avec la Loi sur les agents de voyage et les conditions imposées par l’Office de la protection du consommateur. »

Retour progressif à la normale

Comme le dit si bien Carolyne Pronovost, « c’est bien de faire découvrir Boston, New York ou Toronto aux étudiants québécois. Mais avec Explore Québec, on est en mesure de faire découvrir le Québec aux Québécois avec des forfaits avantageux, incluant: jeux d’évasion, la Grande Roue, les transports entre grandes villes, une nuitée à l’Hôtel Tadoussac, etc. »

Tous s’entendent sur cet aspect propre au tourisme scolaire : on forme de futurs voyageurs, qui ont souvent de l’influence au sein de leur noyau familial. Ces voyages au Québec peuvent ainsi inciter d’autres voyages, en famille ou entre amis, quelque mois ou années plus tard!

Bref, c’est un retour à la normale qui s’opère pour le tourisme scolaire, malgré des écueils bien réels. La pénurie de main d’œuvre, certes. La hausse des coûts et le manque d’autocars, surtout. Mais l’essentiel demeure cette demande forte, voire même cette résilience dans le milieu scolaire de proposer des voyages et sorties culturelles aux étudiants d’ici et d’ailleurs pour découvrir notre belle Province!

Rédigé par Frédéric Gonzalo, collaboration spéciale

Cet article fait partie d’une série de reportages sur les membres de l’association des Agences réceptives et forfaitistes du Québec (ARF-Québec) qui célèbre ses 15 années d’existence en 2023!


Nom de l’entreprise: Prometour Educational Tours
Année de fondation: 1989
Créneaux sur lesquels ils sont actifs: étudiants (75%) et adultes (25%)
Marchés de provenance de leur clientèle: Canada, États-Unis, France, Espagne

 

Nom de l’entreprise: Omnitour
Année de fondation: 1980
Créneau sur lequel ils sont actifs: scolaire
Marchés de provenance de leur clientèle: québécois, canadien francophone, américain, mexicain, allemand et français

 

Nom de l’entreprise: Voyages A+
Année de fondation: 2006
Créneau sur lequel ils sont actifs: groupes étudiants 
Marchés de provenance de leur clientèle: groupes étudiants, écoles québécoises

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