L’omerta sur le harcèlement en hôtellerie et en tourisme : un silence qui tue, par Alice Jean-Tremblay

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Le harcèlement en milieu de travail est une réalité connue, mais encore plus taboue dans l’industrie du tourisme et de l’hôtellerie. Derrière le décor feutré des hôtels et l’ambiance festive des restaurants, un phénomène insidieux persiste : l’omerta, ce silence complice qui protège les agresseurs et étouffe les victimes.

 

Un problème systémique

Pourquoi cette industrie est-elle si propice au harcèlement ? Ses dynamiques favorisent l’abus :

  • Un roulement élevé du personnel : Beaucoup de travailleurs sont jeunes, précaires et plus enclins à endurer des conditions difficiles plutôt que de risquer de perdre leur emploi.
  • Une culture de hiérarchie forte : Les supérieurs, souvent en position de pouvoir, peuvent abuser de leur autorité, surtout dans les hôtels et les restaurants où le climat de travail est informel.
  • La pression du client roi : Les employés sont encouragés à ne jamais contredire un client, même en cas de comportements inappropriés.

 

Un cas concret : l’initiative de l’AHQ contre l’exploitation sexuelle

Consciente des abus présents dans l’industrie, l’Association Hôtellerie du Québec (AHQ) a lancé, en collaboration avec Le Phare des AffranchiEs, le programme Lueur – Accueillir sans jugement, agir sans nuire. Cette initiative vise à sensibiliser et former les hôteliers à détecter et signaler des cas de traite humaine et d’exploitation sexuelle dans les établissements hôteliers.

Bien que ce programme ne cible pas directement le harcèlement interne, il démontre que l’industrie est capable d’agir face aux abus. Reste maintenant à étendre ces efforts à la protection des travailleurs eux-mêmes.

 

Les conséquences du silence

L’omerta a des répercussions majeures :

  • Pour les victimes : Stress, anxiété, perte de confiance en soi, épuisement professionnel. Beaucoup quittent l’industrie, découragées.
  • Pour les entreprises : Un climat toxique mène à une baisse de la qualité du service, un roulement élevé du personnel et une mauvaise réputation.

Malgré ces conséquences, rares sont les établissements qui appliquent une politique de tolérance zéro.

 

Pourquoi si peu d’actions ?

  • Peur des représailles : Dénoncer un supérieur ou un client peut signifier perdre son emploi ou voir sa carrière brisée.
  • Absence de recours clairs : Plusieurs entreprises n’offrent aucun canal de dénonciation anonyme.
  • Culture du silence : On préfère souvent fermer les yeux plutôt que d’affronter un scandale.

 

Des solutions urgentes

L’industrie doit réagir. Quelques actions clés :

  • Former les employés et gestionnaires sur le harcèlement et la tolérance zéro.
  • Créer des mécanismes de dénonciation sécurisés et garantir l’anonymat des victimes.
  • Responsabiliser les clients : Aucun comportement abusif ne devrait être toléré sous prétexte qu’un client paie cher.
  • Changer la culture : Le bien-être des travailleurs doit être une priorité.

 

Le tourisme vend du rêve, mais il ne doit pas être un cauchemar pour ceux qui y travaillent. Il est temps de briser le silence.

 

Alice Jean-Tremblay
Spécialiste en ressources humaines
Chroniqueuse - Tourisme & Hôtellerie 
Hôtel Saint-Sulpice alicee.18@hotmail.com

 

 

Nominations

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