Quelles sont les tendances et politiques du tourisme en matière de main-d'œuvre dans les pays de l’OCDE? (partie 2 de 4), par Louis Rome
L’OCDE publie aux deux ans les « Tendances et politiques du tourisme » de 38 pays membres, incluant le Canada et une douzaine d’économies partenaires. À chacune des éditions de l’enquête, TourismExpress vous revient avec les faits saillants de celle-ci. Voici quelques tendances en matière de main-d’œuvre au sein des pays de l’OCDE.
Les défis liés aux ressources humaines (RH) dans le secteur du tourisme se sont accentués depuis la pandémie de COVID-19, obligeant les pays de l’OCDE à repenser leurs politiques en matière de RH. Le dernier rapport de l’organisme met en lumière l’urgence de renforcer la main-d’œuvre pour assurer une économie touristique mieux préparée aux crises futures.
Des défis de plus en plus complexes
Les défis liés aux ressources humaines (RH) dans le secteur du tourisme se sont accentués depuis la pandémie de COVID-19, obligeant les pays de l’OCDE à repenser leurs politiques en matière de RH. Le dernier rapport de l’organisme met en lumière l’urgence de renforcer la main-d’œuvre pour assurer une économie touristique mieux préparée aux crises futures.
L’OCDE propose cinq approches devant inspirer l’action des pouvoirs publics pour renforcer la main-d’œuvre dans notre secteur.
1 - Intégrer les besoins des travailleurs du tourisme à des stratégies et plans plus vastes axés sur le développement économique et local
Il s’agit de « trouver des solutions efficaces qui nécessitent la mise en place d’une solide coordination à l’échelle de l’ensemble des administrations, tant horizontalement que verticalement. Alors que, l’intégration des besoins spécifiques des travailleurs du tourisme à des stratégies plus vastes, axées sur le développement économique et local et sur la valorisation de la main-d’œuvre, peut également inciter à prendre davantage en compte l’importance du développement d’un tourisme durable. »
Cette approche est déjà valorisée au Québec: « Nous partageons pleinement ce constat : notre projet de partage de main-d’œuvre saisonnière est un exemple concret qui lie les besoins des travailleuses et des travailleurs de pouvoir plus facilement demeurer en emploi durant toute l’année et la réalité des entreprises qui doivent faire face aux pointes saisonnières », souligne Xavier Gret, directeur général du Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT).
2 - S’appuyer sur les initiatives du secteur privé pour améliorer les conditions de travail dans le secteur du tourisme et attirer et fidéliser les travailleurs
Selon l’OCDE, « le secteur du tourisme, qui repose sur une grande diversité de métiers et sur un personnel en contact direct avec la clientèle, doit aujourd’hui faire face à plusieurs enjeux majeurs. »
Parmi ces défis il y a la nécessité, pour les pays de l’OCDE , « de s’adapter à l’évolution des besoins et des valeurs des travailleurs du tourisme. Les demandeurs d’emploi privilégient plus que jamais la quête de sens dans le travail, et le bien-être et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée constituent désormais à leurs yeux des facteurs de différenciation clé. Si des salaires compétitifs et des avantages sociaux demeurent certes importants pour les travailleurs, ces critères sont désormais talonnés par l’équilibre vie professionnelle-vie privée et la sécurité de l’emploi. »
3 - Faciliter les interactions entre le secteur privé et le système éducatif, pour répondre à l’évolution des besoins du secteur du tourisme et le préparer aux transitions écologique et numérique.
« Encourager la collaboration entre les entreprises et le secteur éducatif permettra de mieux mettre en adéquation l’enseignement et la formation avec les besoins de compétences en tourisme. »
Par exemple, le Pacte de l’Union européenne sur les compétences dans l’écosystème du tourisme, lancé en 2021, propose une stratégie en douze objectifs à atteindre d’ici 2030 pour relever les défis de formation et de qualification dans toute l’Europe. Le Pacte inclus des recommandations, comme par exemple, multiplier les initiations et stages pratiques au travail au moyen de formules hybrides, ou de fidéliser les effectifs actuels et attirer de nouveaux salariés dans le tourisme tout en établissant des contrats d’embauche plus stables et mieux rémunérés du fait de qualifications supérieures.
4 - Aider les PME et les travailleurs du tourisme à s’adapter à la transformation numérique
L’évolution et l’usage des technologies numériques transforment et remodèlent le tourisme. « Il est fondamental que l’ensemble de l’écosystème touristique prenne le virage du numérique et investisse dans le capital humain et les compétences pour fidéliser et valoriser une main-d’œuvre qualifiée.
Toutefois, l’adoption de l’IA reste encore relativement faible dans les PME des pays de l’OCDE, entre autres, parce que les possibilités offertes par les outils numériques sont souvent méconnues par les chefs d’entreprise en tourisme. Il est nécessaire de mettre en place des programmes d’accompagnement pour informer et intervenir efficacement auprès des PME ».
Les progrès technologiques rapides, y compris de l’IA générative, « donnent à penser que les pays de l’OCDE pourraient être à l’aube d’une révolution en IA. »
M. Gret mentionne qu’au Québec : « Une table IA a pris forme en 2024 et son volet RH contribue à renforcer la transition numérique en cours dans l’industrie, à démocratiser l’impact de l’IA sur les RH en entreprise et à augmenter nos compétences collectives pour s’adapter aux besoins de demain».
5 - Rassembler et échanger des données robustes et ventilées sur l’emploi dans le tourisme
Et enfin, l’enquête rappelle l’importance « de disposer de données actualisées et précises sur le tourisme pour que les prises de décision soient fondées sur des éléments probants. Il s’agit de mieux appréhender la nature des métiers et les problèmes de main-d’œuvre du tourisme, et dans quelle mesure ils évoluent».
« Les données, c’est la clé ! Après avoir cofondé le Pôle national de l’information sur le marché du travail en 2023, nous avons récemment publié le Diagnostic sectoriel de la main-d’œuvre en tourisme et prochainement, une enquête de rémunération visant à supporter les entreprises et le gouvernement dans leurs décisions. », évoque monsieur Gret.
J’analyse les rapports de l’OCDE depuis une dizaine d’années et c’est la première fois qu’un de ceux-ci accorde autant de place aux défis de la main-d’œuvre dans notre industrie, à lire et à relire.
Louis Rome, collaborateur TourismExpress
Source : Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE 2024 (22 octobre 2024).
Cette publication de l’OCDE constitue une référence mondiale et une base de comparaison internationale. Il ne faut toutefois pas négliger que depuis la rédaction du rapport de l’OCDE et sa publication, le contexte mondial a évolué. Pensons aux élections américaines et au développement à la vitesse grand V de l'intelligence artificielle pour ne citer que ces deux exemples.
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